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Pilier DAllahabad Wikipédia

Le pilier d’Allahabad est un Stambha, contenant l’un des édits des piliers d’Ashoka, supposément érigé par Ashoka, empereur de la dynastie Maurya qui régna au IIIe siècle avant notre ère. Il pourrait aussi avoir des origines antérieures.

Bien qu’il soit l’un des rares piliers existants qui portent des édits d’Ashoka[2], il est particulièrement remarquable pour ses inscriptions postérieures attribuées à l’empereur Gupta Samudragupta (IVe siècle EC)[3]. Sont également gravées sur la pierre des inscriptions de l’empereur moghol Jahangir, du XVIIe siècle[4].

Selon certains érudits, le pilier fut déplacé de son emplacement d’origine et installé dans le fort d’Allahabad, dans l’Uttar Pradesh par l’empereur Akbar lui-même, mais cette théorie est contestée par d’autres qui soulignent l’absence de toute preuve confirmant que le pilier a été déplacé, et des inscriptions pré-mogholes qui indiquent qu’il était déjà présent à son emplacement actuel. Comme le fort est maintenant occupé par l’armée indienne, le public n’a qu’un accès limité aux locaux et une autorisation spéciale est requise pour voir le pilier[5],[6].

Le pilier d’Allahabad est constitué d’un seul bloc de grès poli de 10,7m (35 pieds). Il a un diamètre inférieur (bas de colonne) de 0,9m (35 pouces) et un diamètre supérieur de 0,7m (26 pouces). Le chapiteau traditionnel en forme de cloche lotiforme – vu sur les autres piliers d’Ashoka – est perdu, tout comme la statue qui le surmontait.

En revanche, l’abaque, orné d’un «gracieux rouleau de lotus et de chèvrefeuille alternés» sur lequel la statue devait reposer, a été retrouvé à proximité. Cunningham pensait que le chapiteau devait être monté par un seul lion. L’abaque est presque identique à celui trouvé sur le pilier à Sankissa suggérant des dates d’érection proches.

L’antique pilier d’Ashoka à Allahabad surmonté d’un chapiteau et d’une sculpture de lion de l’époque coloniale (photographié v.1870). Le chapiteau au lion a peut-être été conçu par le capitaine Edward Smith en 1838[7].Selon la théorie proposée par les archéologues au XIXe siècle, et soutenue par des érudits indiens comme Upinder Singh, le pilier d’Allahabad pourrait être originaire de Kaushambi[8].

Les inscriptions d’Ashoka suggèrent que le pilier aurait été érigé pour la première fois à Kaushambi, une antique cité à environ 50 kilomètres (30 miles) à l’ouest de son emplacement actuel qui était alors la capitale du royaume de Vatsa. Il aurait été déplacé à Allahabad bien plus tard lorsque la région passa sous domination musulmane[7]. La présence d’un autre pilier, cassé, à Kaushambi près des ruines du monastère de Ghoshitarama[9] laisse supposer que le pilier d’Allahabad aurait pu faire partie d’une paire, un peu comme ceux découverts à Rampurva[10].

Le pilier a été démonté et remonté plusieurs fois depuis le XIIIe siècle[11]:968. Il fut reconstruit à l’époque de Jahangir en 1605[12], couronné par un globe surmonté d’un cône, et dessiné par le missionnaire jésuite, Joseph Tiefenthaler, au milieu du XVIIIe siècle[7]. Le général Kyd abattit le pilier en 1798[13]. En 1838, le capitaine Edward Smith « des Royal Engineers» réinstalla le pilier, cette fois avec un nouveau chapiteau « au lion », de sa propre conception.

Cunningham critiqua cette restauration comme «un signal d’échec», estimant que la statue était «petite et rabougrie». Il fit la remarque suivante[7]:

Une théorie alternative proposée par Krishnaswamy et Ghosh en 1935 déclare que le pilier d’Allahabad n’a jamais été déplacé. Ils réfutent la théorie selon laquelle les sultans musulmans, ou quiconque de l’empire moghol, les rois hindous avant l’arrivée de l’Islam, ou tout particulier, aient pu déplacer le pilier de Kaushambi à son emplacement actuel. Leurs arguments sont basés sur les dates des nombreuses inscriptions sur le pilier, le manque de preuves textuelles dans les écrits historiques, ou l’absence de motif pour quiconque de déplacer le pilier de Kaushambi à Allahabad puisqu’il n’y a aucune preuve que ces lieux furent des cités importantes. En raison de la taille et du poids du pilier ainsi que des énormes ressources nécessaires à son déplacement, ils écartent également la possibilité qu’un particulier puisse l’avoir déplacé.

Ashoka pourrait avoir installé le pilier à Prayag car le confluent des fleuves Gange et Yamuna était déjà un lieu de pèlerinage majeur à son époque, donc un lieu qui donnait plus d’accès et de visibilité à ses édits. Selon Krishnaswamy et Ghosh, l’inscription d’Ashoka ne serait qu’une copie de l’inscription de Kaushambi. Les dégradations de sa surface et l’ajout de nombreuses nouvelles inscriptions auraient été faits alors que le pilier se trouvait à Allahabad.

Le pilier au taureau de Prayāga (pré-ashokien)[modifier | modifier le code]
Une troisième théorie est proposée par John Irwin en 1979; il s’accorde avec Krishnaswamy et Ghosh sur le fait que le pilier d’Allahabad ne fut jamais déplacé et qu’il s’est toujours trouvé au confluent des fleuves Gange et Yamuna. Il écrit également que l’origine du pilier étaient sans aucun doute « pré-Ashokienne » sur la base des preuves du site historique, d’inscriptions diverses ainsi que de preuves textuelles[14],[15]. Selon Irwin, une analyse d’inscriptions et de graffitis anciens, observés sur le pilier pour la première fois par Cunningham, puis par Krishnaswamy et Ghosh, révèle que ceux-ci indiquent des années et mois, et que les mois «s’avèrent toujours être Magha, ce qui confère également son nom au Magha Mela», le bain rituel des Hindous lors d’un pèlerinage annuel[15].

Irwin déclare que les études archéologiques et géologiques effectuées depuis les années 1950 révèlent que les fleuves – en particulier le Gange – ont changé de lit au fil du temps. L’ancien lit du Gange datant du 8ème siècle avant notre ère[15]. Cet ancien cours fluvial plaçait le pilier plus directement sur ses rives ou sa confluence. Plus loin, à l’est du pilier se trouvent les vestiges d’un ancien puits massif (samudra-kup dans les premiers textes sanskrits), en direction des vestiges de Pratisthan (aujourd’hui Jhusi). Le temple de Vasuki et Alarkapuri, que les pèlerins visitent après le bain rituel dans le cadre de leur parikrama traditionnel (circumambulation, circuit de marche de Magha Mela), sont également anciens et conformes aux premiers textes sanskrits[14],[15]. Selon Irwin, le pilier lui-même est pré-bouddhique, auquel Ashoka a ajouté l’inscription en écriture Brahmi pour annoncer ses édits aux masses de pèlerins et aux monastères bouddhistes qui s’y trouvent. Il ajoute: «nous savons aussi avec certitude que son emblème d’origine était – non pas un lion, comme on le supposait auparavant – mais le taureau de la religion pré-bouddhique et brahmanique»[14],[15].

Selon Karel Werner – un indologue connu pour ses études sur la religion, en particulier le bouddhisme, le travail d’Irwin «montre de manière irréfutable que le pilier ne provenait pas de Kaushambi», mais se trouvait à Prayaga depuis l’époque pré-bouddhique en tant que centre d’un culte très ancien et qu’en fait, il était attribué à tort à Ashoka[16].

Lorsque James Prinsep de l’Asiatic Society découvrit le pilier brisé à l’intérieur du fort d’Allahabad v.1834, ses inscriptions étaient érodées par la pluie et le soleil. Il remarqua[17]:

Il y a trois séries d’inscriptions sur la colonne des trois empereurs, Ashoka Maurya, Samudragupta et Jahangir. Ils sont accompagnés de quelques inscriptions mineures de pèlerins et d’autres, interprétés comme des graffitis modernes par Alexander Cunningham. Certaines d’entre elles sont cependant liés à des styles d’écritures, permettant de dater les périodes pendant lesquelles le pilier était érigé et quand il tomba au sol.

Principaux édits d’Ashoka (1 à 6) sur le pilier d’Allahabad

Les inscriptions d’Ashoka sur le pilier d’Allahabad (ainsi que d’autres inscriptions ailleurs) ont joué un rôle central dans le déchiffrement de l’écriture Brahmi par James Prinsep de la Société asiatique. Elles conduisirent à la redécouverte de l’empereur Maurya et à la découverte de l’étendue de son empire[11],[18],[19].

L’inscription est gravée en lignes continues autour de la colonne de Brahmi et contient les mêmes six édits que l’on peut voir sur les autres piliers. Les inscriptions de la période d’Ashoka sont «de taille uniforme, nettes et profondément gravées», comme l’observe Cunningham[12].

Principaux édits des piliers 1 à 6[modifier | modifier le code]
Le pilier contient les principaux édits du pilier d’Ashoka, de 1 à 6. Les premier et deuxième édits ont survécu dans leur intégralité. Cependant, une grande partie des troisième et quatrième édits ont été «impitoyablement détruits par la découpe de l’inscription laudative de Jahangir, enregistrant les noms de ses ancêtres»[12]. Seules deux lignes du cinquième édit ont survécu, les autres furent perdues par décollement superficiel. Le sixième est presque complet, avec une perte d’environ une demi-ligne.

Ces modifications sont les mêmes que celles trouvées sur les autres piliers d’Ashoka. Outre les six édits, le pilier d’Allahabad comprend également ce que l’on appelle l’édit du schisme, l’édit de la reine et l’inscription Birbal Magha Mela[12].

Édit du schisme[modifier | modifier le code]
« Édit du schisme » et « édit de la reine ».

L’édit du schisme, appelé édit de Kaushambi par Cunningham, est un édit de l’empereur s’adressant aux hauts fonctionnaires (Mahamatras) de Kaushambi[7] les exhortant à éviter les dissensions et à rester unis. Ce qui suit est une fusion de diverses versions fragmentées de l’édit :

Édit de la reine[modifier | modifier le code]
L’édit de la reine fait référence aux actes de bienfaisance de la reine d’Ashoka, Karuvaki, mère du prince Tivala[20].

Une inscription ultérieure, également connue sous le nom de Prayag Prashasti, est attribuée à l’empereur Gupta Samudragupta du IVe siècle de notre ère et suit immédiatement les édits d’Ashoka[21]. Elle est considérée comme «le document historique le plus important de l’âge classique Gupta»[3]. Écrit en excellent sanskrit[3], dans l’écriture Gupta la plus raffinée (une version ultérieure du Brahmi) par le poète et ministre Harishena[22]. L’inscription est un panégyrique faisant l’éloge de Samudragupta et énumère les réalisations politiques et militaires de son règne, y compris ses expéditions vers le sud[3][23]. Il fournit un instantané unique de l’empire Gupta et de ses voisins et est la source d’une grande partie de ce que l’on sait du paysage géopolitique de cette époque[3][22].

Ce qui suit est tiré de la traduction de l’inscription par D.R. Bhandarkar[3][24],[25]:

> «

Insription de Samudragupta

L’inscription de Samudragupta relative aux édits d’Ashoka.

Inscription du pilier d’Allahabad de Samudragupta. Elle fait presque entièrement le tour du pilier et est écrite autour des « édits mineurs » d’Ashoka.

Gupta script inscription “Maharaja Sri Gupta” (